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  • Technanthrope : Littéralement "homme de la technique". Il est le résultat d'une hybridation entre Sapiens et Faber. Il a pour moteur le principe de transcendance et de raison suffisante, qui l'incite à transgresser les limites naturelles inhérentes à l'espèce humaine et imposées par la nature, dont il est issu par la production d'artefacts. Il incarne l'oubli absolu de l'Etre, l'ignorance ou le mépris de la question ontologique qui permet de réhabiliter le mystère et le respect de l'existence. Il précède l'avènement du Da-sein, en tant que berger de l'Etre.

 

  • Principe de transcendance : version exclusivement humaine du vouloir-vivre, de la volonté de puissance ou de l'élan vital, il est caractérisé par le ressentiment à l'égard d'une nature qui a plongé l'être humain dans la frustration d'une disproportion entre, d'une part, les besoins et les envies, de l'autre, les moyens naturels d'y répondre. Le principe de raison suffisante, en tant que substance de la Ratiocratie, en est l'affluent principal.

 

  • Ratiocratie : Littéralement " pouvoir ou règne de la Raison". Elle désigne l'autorité absolue de la raison, humaine et rationnelle (logos), sur la nature, via la mondialisation de la culture techno-scientifique et de l'arraisonnement qui la caractérise.

 

  • Dé-onto-logie : Morale alternative, qui commence avec la question ontologique fondamentale "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?" puis se prolonge dans la reconnaissance de l'unité ontique de la nature en tant qu'impératif inconditionnel. Le mot est fractionné pour se démarquer de la forme et du fond habituellement réservés au terme "déontologie". La dé-onto-logie renvoyant, au sens premier du terme, à la "science qui traite des devoirs à remplir", mais en fonction d'une préoccupation et d'un respect de l'autre en tant qu'expression de l'Etre. Elle invite ainsi à s'interroger et à agir en vue de se conformer à la volonté originelle de tout être, qui est d'être et de continuer à être. Etymologie : deon-ontos-logos. Deon (δεον : "ce qui doit" "ce qu'il faut"), ontos (οντoς : "Etre"), logos (λoγos : "langage"). Soit "ce qui doit être fait pour parler conformément à l'Etre", "ce qui doit être fait pour dire (et respecter) la parole de l'Etre". La dé-onto-logie se veut la morale de l'homme qui cesse d'être Technanthrope pour devenir da-sein. Elle est l'expression d'un méta-humanisme.

 

  • Méta-humanisme : comportement qui consiste à dépasser l'anthropocentrisme de tout humanisme. Non pour dévaloriser l'homme mais pour décentrer sa préoccupation morale et faire de chaque être, vivant et sentant, un sujet digne d'une préoccupation morale identique. Le méta-humanisme est antispéciste et suppose une zooéthique.

 

  • Physioéthique : Alternative à l'écologie gestionnaire, prisonnière du principe de raison suffisante et de l'anthropocentrisme, elle englobe la zooéthique qui en est une partie.

 

  • Zooéthique : le terme est préféré à l'expression "morale animale", jugée inappropriée dès lors qu'elle exprime la nécessité d'une morale appliquée aux animaux, et suggère également, de manière trop globale et de ce fait inexacte, que les animaux ont une morale. Transitoire, la zooéthique a vocation à disparaître dès lors que l'humain assumera son animalité et admettra que les autres animaux pensent, éprouvent la douleur et le plaisir, aspirent à se maintenir librement dans leur être. Elle précède et accompagne l'émergence d'une morale globale (la dé-onto-logie) dans laquelle les autres êtres, plus particulièrement les animaux sensibles et pensants, sont des sujets auxquels l'homme se trouve lié par un contrat unilatéral de responsabilité, appelé contrat domestique.

 

  • Contrat domestique : A la différence du Contrat Social qui opère selon un principe de réciprocité, le Contrat Domestique, qui fait écho au Contrat Naturel de Michel Serres, repose sur un principe de responsabilité unilatérale de l'humain envers la nature et l'ensemble des êtres, qui peuvent être ou sont impliqués, à leur insu, dans l'exercice de son activité technique et ratiocratique. Avant même de prendre la forme d'un droit positif destiné à en garantir une stricte application, le contrat domestique, qui, de toute évidence, ne peut être conventionnel, se veut un contrat moral, fondé sur la reconnaissance des lois universelles du droit naturel. Il consiste ainsi à tenir compte de l'unité ontique qui rassemble tous les êtres vivants et leur confère un droit universel à exister en tant que sujet, à jouir de leur liberté dans la limite des contraintes raisonnablement imposées par la liberté d'autrui, à ne pas souffrir, à pouvoir disposer des conditions requises pour se maintenir dans leur être. En raison de la nature conquérante et hégémonique, qui lui est spécifique et lui a permis de satisfaire ses ambitions de maîtrise et possession de la nature. En raison, également, de la conscience morale qui caractérise son esprit, dont il revendique la complexité et la supériorité logique, seul l'être humain est obligé par ce contrat domestique, envisagé comme manière factuelle d'assumer la mission pastorale attibuée au Da-sein. Il a ainsi le devoir impérieux de veiller sur ce qu'il menace et de confirmer la référence d'Heidegger à Hölderlin : "Là où est le péril, croît également ce qui sauve".