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Pascal Bouchez

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Docteur en Philosophie
Professeur de l'enseignement secondaire et supérieur, Président puis vice-Président du Comité d'Ethique Recherche de l'Université Savoie-Mont Blanc, ses recherches portent sur les conditions d'élaboration d'une morale méta-humaniste fondée sur une ontologie d'influence heideggerienne.

Depuis 1993, date de ses premiers travaux universitaires, Pascal Bouchez, mène une réflexion sur la relation entre l'homme et la nature, qui l'a, en 1998, conduit à soutenir une thèse de doctorat consacrée à une identification historique et philosophique des motivations occultes de la technique.

Dans la continuité d'Heidegger, qu'il considère comme son influence philosophique majeure, il y décrit l'avènement de celui qu'il appelle le Technanthrope. Stade ultime d'une processus d'évolution interactif, en vertu duquel homo sapiens et homo faber coexistent et s'interpellent, celui-ci se présente comme le produit d'un principe de transcendance, qui l'incite à quitter l'état de nature jusqu'à atteindre le point de rupture imposé par la ratiocratie issue de la révolution copernicienne et du principe de raison suffisante.

Maître d'œuvre de l'arraisonnement, identifié par Heidegger comme symptôme de la technique moderne, le Technanthrope incarne l'expression ultime de l'oubli ontologique responsable de la banalisation, de la réification et de l'exploitation de la nature et du vivant.

Afin de sortir de cette impasse, et de négocier le "tournant" annoncé par Heidegger, Pascal Bouchez préconise l'élaboration d'une morale fondée sur la réhabilitation et la promotion de la question ontologique : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?"

Appelée dé-onto-logie, déclinable en physioéthique et zooéthique, cette morale se présente comme la condition nécessaire d'un changement de paradigme et d'une écologie enfin affranchie de toute approche gestionnaire de la nature. La question ontologique servant d'élément déclencheur pour une prise de conscience du mystère et de l'improbabilité de l'existence, dont découlent l'irréductible valeur de chaque être, puis l'impératif moral de celui qui peut sciemment y attenter.

En raison de la dimension morale de sa conscience, capable d'apprécier l'impact de ses actes sur l'intégrité de ce qui lui est extérieur ainsi que sur la volonté et la liberté d'existence de tout être vivant ; en raison de l'étendue du pouvoir de nuisance lié à son hégémonie conquérante, le Technanthrope est sommé par un impératif transcendant d'inscrire sa préoccupation morale dans la mission de "berger de l'Etre" qu'Heidegger attribue au Da-sein.

C’est dans cette perspective post-heidegerienne, d'après laquelle la mission pastorale du Da-sein n’est pas dissociable d’une approche éthique de la réalité naturelle, que la dé-ontologie proposée dans «Origines, ambitions et égarements méta-physiques de la Technique" évolue naturellement en zooéthique dans "Philosophes et autres animaux".

Parallèlement à la promotion d'une tradition philosophique, en marge d'un anthropocentrisme rationaliste et humaniste, Pascal Bouchez y propose "une éthique pour les animaux" et non "une morale de l'Animal", qui repose sur un contrat domestique, en vertu duquel l'homme aurait à assumer la responsabilité des conséquences du fait d'être devenu "maître et possesseur de la nature".